La devise de Bard de Google pourrait être “Tout vient à point à qui sait attendre”. En effet, lors d’une conférence à Mountain View, Google a annoncé le lancement de son intelligence artificielle, Bard.
Il était urgent pour le célèbre moteur de recherche de contrecarrer Chat GPT, l’intelligence artificielle d’OpenAI.
L’utilisation de l’intelligence conversationnelle la plus connue au monde est en train de bouleverser l’usage d’Internet. En effet, hormis les dérives liées au monde scolaire qui peuvent prêter à sourire, les capacités de l’IA changent les règles du jeu en matière de production de contenus mais aussi de recherche en ligne.
Le fait de poser une question à Google ou à un moteur de recherche n’est plus la seule façon d’obtenir une réponse. Vous pouvez désormais poser cette même question à Chat GPT et aux intelligences artificielles.
Autant le dire tout de suite, la France et les pays membres de l’Union européenne ne font pas partie des 180 pays qui ont actuellement accès à ce service de Google.
Après plusieurs annonces et un faux départ, Bard fait enfin son entrée sur le web
En effet, on pensait que la mise en ligne de Bard allait être annoncée il y a quelques semaines lors de la conférence de Paris, mais ce ne fut pas le cas.
Au contraire, durant une rapide présentation de son IA, une bourde a été détectée par de nombreux internautes.
En effet, Bard s’est trompé sur la question suivante : “Quelles sont les découvertes du télescope spatial James Webb dont je peux parler à mon enfant de neuf ans ?”
Parmi la liste des trois réponses fournie une erreur s’est glissée “ James Webb a pris les toutes premières photos d’une planète en dehors de notre propre système solaire” ce qui est faux, en vérité, la première image d’une exoplanète a été enregistrée en 2004, soit 17 ans avant le lancement du télescope James Webb.
Cette réponse fausse a fait perdre plusieurs milliards de dollars à la bourse de New York à Alpha, la maison mère de Google.
Cet incident a cependant révélé un point intéressant concernant le chatbot. En effet, celui-ci utilise les termes de votre question pour vous répondre.
Dans ce cas précis, le télescope Webb avait découvert une exoplanète quelques jours avant la conférence de Paris, une information qui peut être à l’origine de la confusion de Bard. Cette réponse erronée met en avant que si tous les internautes peuvent poser une question à une intelligence artificielle notamment avec des mots du quotidien, il est plus difficile de maîtriser les bons termes pour obtenir une réponse juste.
Quelles sont les différentes fonctionnalités proposées par Bard ?
Comme l’ensemble des IA, le but de Bard est de répondre aux questions et aux besoins des internautes. Actuellement, lorsque vous posez une question à Google, il vous propose une réponse surlignée, puis le lien vers le site dont cette réponse est issue.
Avec Bard, le processus va évoluer : vous aurez directement une réponse à la question souhaitée, sans lien vers le site, ce qui est susceptible de représenter un bouleversement majeur en matière de référencement naturel et de trafic sur les différents sites, notamment ceux d’informations.
Bard ne se contente pas de vous donner une réponse écrite, il peut aussi associer différentes images dans une réponse, comme on peut le voir sur cet exemple où il répond à la question suivante : « Quels sont les lieux à visiter à la Nouvelle Orléans ? ». Cette capacité multimodale permet donc de proposer plusieurs formats de réponses, aussi bien écrits que visuels.
Bard peut également analyser une image que vous lui soumettez, comme par exemple écrire quelque chose de sympa ou de drôle à propos de ces deux chiens. Il propose ainsi plusieurs pistes pour rédiger un contenu en lien avec l’image et la demande.
Bard sera aussi présent dans de nombreux outils et services proposés par Google. Vous ne savez pas quoi répondre à un email d’une compagnie aérienne qui a annulé votre vol ? Comme vous pouvez le voir sur la vidéo ci-dessous, vous pouvez demander à l’IA de répondre à votre place en spécifiant vos attentes.
Bard aura également la capacité d’agir avec les outils bureautiques de Google, comme Google Docs, Google Sheets, Google Slide, ou bien encore Google Forms ce qui peut représenter un gain de temps considérable. Par exemple, si vous souhaitez faire une recherche des différents établissements scolaires dans une ville, une fois les résultats obtenus, il pourra les intégrer dans un tableur en triant les différentes catégories.
Enfin, Bard sera compatible avec l’outil Firefly d’Adobe pour la création d’images par IA conversationnelle. Derrière ce partenariat se cache l’objectif de contrecarrer Dall-E, Microsoft Designer ou Midjourney.
En effet, ces applications sont sous le feu des projecteurs avec leur capacité à créer des images de plus en plus réalistes, comme le pape François portant une doudoune.
Il s’agit là aussi de rattraper le retard en matière de génération automatique d’images, mais aussi de promettre une meilleure traçabilité de celles-ci et surtout une meilleure prise en compte du droit d’auteur, qui fait cruellement défaut chez les poids lourds du secteur.
La non-histoire d’amour entre l’Union européenne et Google retarde le lancement de Bard en Europe, et donc en France
Derrière le non-lancement de Bard en France se cachent plusieurs raisons, dont celle de la réglementation européenne en matière de données, le fameux RGPD.
Ce n’est pas la première fois que Google se casse les dents sur ce règlement européen, comme par exemple avec Google Analytics, qui a dû revoir son fonctionnement avec la version 4 pour se mettre en conformité avec le respect des données personnelles et de la vie privée souhaité par Bruxelles.
Pour fonctionner, Bard doit garder en mémoire les échanges, mais aussi des informations personnelles des utilisateurs, ce qui demande quelques semaines d’ajustement à la firme de Californie pour mettre en place un protocole conforme avec le cadre législatif européen.
De plus, et hasard du calendrier, le Parlement européen étudie un «artificial intelligence act » pour encadrer l’usage des IA. Chacun garde aussi en tête la suspension de Chat GPT en Italie.
Il nous reste à patienter (ou à utiliser un VPN pour avoir une adresse de connexion dans un pays anglo-saxon) pour tester Bard, qui promet des services différents de ses concurrents : en plus de la génération de réponses ou de contenus qui pourront être vérifiés sur le moteur de recherche, mais aussi prendre en compte les consignes des internautes pour améliorer le contenu et le rendre conforme aux attentes.
La force de Bard est aussi sa capacité à interagir avec les outils de Google : rédaction automatique de mails, ajout de points d’intérêt sur Maps ou encore mise en page dans les outils bureautiques.
Un gain de temps pour de nombreux internautes… jusqu’à la prochaine version de ChatGpt ?
